Quels étaient les liens entre le comte et la comtesse Prozor avec le milieu théosophique à Genève ?


La réponse a été mise à jour le 13 octobre 2023.

Bonjour,

Nous vous remercions d’avoir fait appel au service Interroge, voici le résultat de nos recherches :

Jean-François Mayer, dans son ouvrage Les nouvelles voies spirituelles : enquête sur la religiosité parallèle en Suisse indique ce qui suit au chapitre Les débuts de la Société théosophique en Suisse :

« […] La fondation officielle de la Section suisse date de 1910 : dans le local de la ST à Genève, on peut encore voir la charte du 1er décembre 1910, […] avec centre administratif à Genève ; sept loges (nombre requis pour la constitution d’une société nationale) sont mentionnées. […]

En novembre et décembre 1900, le Dr Th. Pascal, auteur d’ouvrages théosophiques […] donna à Genève deux conférences sur les enseignements principaux de la théosophie, ainsi que sur les rapports de la théosophie avec la science, les philosophies et les religions. […]

« Seules, quelques consciences isolées s’ouvrirent timidement à la nouvelle lumière, se groupèrent dans les salons si généreusement accueillants du comte et de la comtesse Prozor […]. » (Bulletin théosophique, oct. 1912, p. 2)

Il exista ainsi dès 1901 des loges genevoises, alors rattachées à la France. Le groupe théosophique de Genève organisa à plusieurs reprises des conférences publiques, par exemple en 1903. »

Concernant ces conférences, nous en trouvons les convocations dans le Journal de Genève de l’époque, dont les archives sont consultables en ligne. En voici deux exemples :

5 mars 1902 – « Théosophie – Vendredi soir, à huit heures et demie, sous les auspices du groupe théosophique de Genève, le comte Prozor fera une causerie sur « la Théosophie à travers les âges », qui sera suivie d’un entretien familier. Des réunions de ce genre auront lieu dorénavant le premier jeudi de chaque mois. – Entrée libre. »

4 mars 1903 – « Théosophie. – On nous prie d’annoncer pour aujourd’hui mercredi soir, à huit heures, la conférence que fera M. le comte Prozor, au casino de St-Pierre. M. Prozor ayant déjà parlé, l’an dernier, sur « la Théosophie à travers les âges », voudrait à présent répondre à la question : « Qu’est-ce que la théosophie que veulent les théosophes d’aujourd’hui et que pensent-ils ? » Cette question a été posée dès le début aux conférences mensuelles organisées par le groupe théosophique de Genève, mais on n’a pu encore donner une définition complète et judicieuse de la théosophie, faute d’en avoir, au préalable, analysé quelques principes essentiels. »

En lien avec cette conférence, la Bibliothèque de Genève (BGE) conserve le document suivant La théosophie : oeuvre et doctrine : déclaration du Groupe théosophique de Genève rédigée et lue en séance publique au casino de St-Pierre le 4 mars 1903 par le comte Prozor.

Nous trouvons également dans les collections du Centre d’iconographie de la BGE des photographies de l’intérieur du casino de Saint-Pierre.

Cet entrefilet paru le 22 novembre 1915 dans le Journal de Genève nous indique l’adresse de la société : « 8h30. Cours public et gratuit au siège de la Société théosophique suisse, 3, cours des Bastions : Les lois fondamentales de la théosophie. »

Et le 22 octobre 1920, un article revient en quelques lignes sur les réunions de cette société organisée par la comtesse Prozor :

« Beaucoup de Genevois se souviennent d’une maison fort animée, où, il y a vingt ans, on faisait à la fois du théâtre et de la théosophie. C’était celle de la comtesse Prozor. Tandis que son mari, dont les fonctions de consul général de Russie comportaient assez de loisirs, et profitait pour traduire Ibsen […], elle s’occupait elle-même de répandre à Genève, qui l’ignorait jusque-là, la doctrine du Karma et de la réincarnation. Un jour les adeptes de ces croyances rencontraient dans son salon les fondateurs et les grands apôtres de la Société théosophique […]. »

Enfin, dans la bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France Gallica, nous trouvons l’ouvrage La vie et la souffrance selon la théosophie ; suivi d’une conférence sur l’art et la théosophie de la comtesse Marthe Elsa Prozor.

Nous espérons que ces éléments vous aideront dans votre recherche. N’hésitez pas à nous recontacter pour tout complément d’information ou toute autre question.

Cordialement,

www.interroge.ch

Le Comte PROZOR : À savoir : Prozor à traduit Ibsen. Gynt en scène a eu la musique Edward Grieg.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Maurice_Prozor

https://www.cairn.info/revue-etudes-germaniques-2007-4-page-899.htm

https://it.wikipedia.org/wiki/Peer_Gynt

Actor Henrik Klausen as « Peer Gynt »

La Comtesse PROZOR :

Greta Prozor, née le 3 janvier 1886 dans le 8e arrondissement de Paris1 et morte le 14 février 1978 à Genève est une comédienne, une professeur d’art dramatique et une traductrice du norvégien en français.

Biographie

Greta Prozor dans la pièce Maison de poupée d’ Henrik Ibsen, dessin de Paul-Charles Delaroche
Nora Sylvère et Greta Prozor dans La Terre est ronde d’Armand Salacrou (1943)

Greta Prozor est la fille du comte Maurice Prozor (1848-1928) 2, diplomate lithuanien au service de la Russie, ami et traducteur d’Ibsen, et de la comtesse suédoise Marthe-Elsa Bonde, cousine du roi de Suède. Le couple a trois enfants, Maurice, Greta3 et Elsa.

Son père a une propriété dans un quartier de Genève, Monchoisy4, ce qui explique que sa vie professionnelle se passe en bonne partie en Suisse.Très jeune elle se passionne pour le théâtre. Sur les conseils de Suzanne Desprès elle part à Paris pour se former. Son maître est Lugné-Poé. Elle débute à Nice puis joue à Paris et part en tournée en Europe. Ernest Fournier la met en relation avec Georges Pitoëff avec qui se développe une fructueuse collaboration. Elle joue les rôles principaux de plusieurs pièces que montent Lugné-Poé et Pitoëff. Un des plus marquants est celui d’Hedda Gabler d’Ibsen mais ses interprétations sont généralement appréciées par la critique. Elle joue tant à Paris (Théâtre Réja, Théâtre de l’Oeuvre) qu’à Genève avec la Comédie de Genève de Georges Pitoëff, en particulier durant la première guerre mondiale.

Greta se marie le 10 juin 19135 avec Walther Halvorsen, norvégien. Walther Halvorsen est un ancien élève, en 1909-1910, de l’Académie Matisse. Devenu marchand de tableaux, il est proche de ̥Matisse et des milieux artistiques et littéraires. Matisse peint des dessins et un grand portrait de Greta. Elle décrit la réalisation d’un dessin « Un jour, Matisse me demande de poser pour lui dans son atelier de Paris. Il voulait faire une grande toile, mais commença par des dessins, très nombreux. « Parlez », me disait-il, et il me posait des questions, sur le théâtre, évidemment. Moi, je parlais, avec force gestes. Soudain, il m’arrêtait d’un mouvement de la main, je m’immobilisais et le crayon commençait son travail sans que l’artiste s’arrête un instant. Quand le crayon s’immobilisait, le dessin était terminé. »6 La grande toile dont elle parle est exposée au Centre Pompidou7.

Greta est aussi une proche du poète Reverdy dont elle dit des poèmes. Max Jacob écrit « Mlle Greta Prozor la seule diseuse de vers à ma connaissance qui ait compris la dernière poésie moderne. Mlle Greta Prozor a compris ce qu’il y a de peu verbal dans la poésie moderne et particulièrement dans celles de Mr. Reverdy : elle a compris que cette poésie vient à la fois du tréfonds de nous-même et qu’elle est aussi très extériorisée mais plus par des objets qu’elle emploie (je le dis à dessein) que par les images et les mots dont elle pourrait s’orner et qu’elle dédaigne8. »

Walther Halvorsen et Greta Prozor divorcent quelques années après leur mariage. Greta se remarie le 15 janvier 19249 avec Augustin Currat, peintre, qu’elle a rencontré en 1922 lors du tournage du film La croix du Cervin de Jacques Béranger dans lequel elle joue un des deux rôles principaux.

En août 1922, Greata fait avec Oscar Vladislas de Lubicz-Milosz et son père un voyage en Lithuanie10. (https://it.wikipedia.org/wiki/Oscar_Vladislas_de_Lubicz-Milosz)

Elle est professeur d ‘art dramatique au Conservatoire de Genève de 1939 à 1965. Elle a comme élèves, entre autres, André SteigerGuillaume ChenevièreBéatrice Perregaux

Théâtre

Comédienne

1910Késa pièce de Robert d’Humières, mise ne scène Lugné-Poë,Théâtre de l’Œuvre

1911, Hedda Gabler, d’Henrik Ibsen, mise en scène Lugné Poe, Théâtre de l’Œuvre11

1912 Morituri, de Maurice Prozor12, Théâtre de l’œuvre

1913Une maison de poupée, d’Henrik Ibsen, Théâtre Antoine

1913Thérèse Raquin, d’Emile Zola, Palais d’hiver de Pau Le cœur des autres

1915 Hedda Gabler, d’Henrik Ibsen, drame en 4 actes, trad. du Comte Prozor, Genève, 1915, Comédie de Genève, mise en scène Georges Pitoëff, avec Greta Prozor dans le rôle d’Hedda Gabler et Georges Pitoëff dans le rôle de Loëvborg.

1920La fille sauvage de François Curel,, pièce en 6 actes, Paris 1920, Théâtre du Vaudeville avec Gréta Prozor dans le rôle de Marie)

1921 La souriante Madame Beudet , tragi-comédie en 2 actes, de Denys Amiel et André Obey, représentée pour la première fois au Nouveau-Théatre, le 16 avril 1921, rôle de Mme Beudet13

1921 Le cœur des autres, de Gabriel Marcel, Théâtre de l’Œuvre

1928 Les revenants, d’ Henrik Ibsen, trad. du Comte Prozor, drame en 3 actes, Paris, 1928, Théâtre des Mathurins, mise en scène Georges Pitoëff, avec Greta Prozor dans le rôle d’Hélène Alving

1943 La terre est ronde, pièce d’Armand Salacrou

Metteur en scène

1933 : La ligne brisée? d’Ami Chantre, Genève, Théâtre de la Comédie à Genève

1944 Le Sein de la famille de Félix Vallotton, Les Tréteaux d’Arlequin, La Chaux-de-Fonds

Traductrice

Trygve Gulbranssen Le Salut du Gaard, roman, Paris, Neuchâtel, 1952, V. Attinger, 213 p.

Notes et références

  1.  Archives en ligne de Paris 8e, année 1886, acte de naissance no 41, cote V4E 6072, vue 8/31 [archive]
  2.  Isabelle Monod-Fontaine, « Portrait de Greta Prozor [archive] », sur centrepompidou.fr, 2007 [Extrait du catalogue Œuvres de Matisse, catalogue établi par Isabelle Monod-Fontaine, Anne Baldassari et Claude Laugier, Paris, Éditions du Centre Pompidou, 1989]
  3.  Greta a comme parrain le comte Carl Snoilsky, très proche ami d’Ibsen, in Comœdia du 26 février 1932 lire en ligne [archive] sur Gallica
  4.  M. Délétra, « Greta Prozor au Lyceum (Genève) », Le mouvement féministe,‎ octobre 1947 (lire en ligne [archive])
  5.  Archives en ligne de Paris 6e, année 1913, acte de mariage no 526, cote 6M 225, vue 16/31 [archive]
  6.  Extrait du catalogue Collection art moderne – La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007
  7.  Portrait de Greta Prozor, fin 1916, huile sur toile 146 x 96 cm. Dominique Fourcade consacre un article à ce tableau et à Greta Prozor : Greta Prozor d’Henri Matisse , in Cahiers du Musée national d’art moderne, n° 11, pp. 101-107, Paris, Centre Georges Pompidou, 1983