La Société Théosophique

La Société Théosophique, fondée à New York en 1875, est aujourd’hui présente dans plus de 150 pays. La Société théosophique est l’association qui a le plus influencé spirituellement le XXe siècle. Voici ses implantations dans le monde et les centres de retraite spirituelle qu’elle propose à ses membres.

La Société théosophique rouvre ses portes pour les réunions à son siège de Genève, 17 rue Ferdinand-Hodler (au rez-de-chaussée !).

Sympathisants et aspirants membres bienvenus. Pour participer, appelez le 079 621 23 43, Andrea Biasca-Caroni. Les réunions auront lieu chaque semaine et les communications auront lieu sur un groupe whatsapp.

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Georges Méautis et la Société Théosophique de Suisse

De Wikipedia :

Georges Méautis, né le 24 octobre 1890 à Montreux et mort le 7 juin 1970 à Neuchâtel, est un helléniste et professeur d’université suisse. Son épouse Liliane Jequier, qu’il avait épousée en 1931, était artiste peintre et a fait de lui plusieurs portraits.

Biographie

Après avoir étudié aux universités de LausanneNeuchâtelMunichParis et Bâle, il obtint son doctorat en 1918 à l’université de Neuchâtel.

Il fut de 1930 à 1961 professeur de langue et de littérature grecque à l’université de Neuchâtel, dont il fut doyen de 1930 à 1935 et recteur de 1939 à 1941, succédant à Maurice Neeser.

Il écrivit de nombreux ouvrages consacrés à l’antiquité classique et à la littérature hellénique dont plusieurs furent honorés d’un prix de l’Académie française.

Il a été membre de la Société théosophique, président de la « Société Suisse de Théosophie », et il a fréquemment contribué avec des articles à la revue de la Société théosophique de France Le Lotus Bleu, le plus souvent sous son nom, mais parfois aussi sous le pseudonyme de “Paul Bertrand”, avec lequel il a signé une brochure critique, parue en 1922 à Paris, de l’ouvrage de René Guénon Le Théosophisme, histoire d’une pseudo-religion1.

Il était un adepte du pythagorisme2 dont il fit l’exposé dans son livre Recherches sur le Pythagorisme.

C’est Georges Méautis qui fit inciser dans le granit du rocher de l’Ermitage, au-dessus de Neuchâtel, les préceptes de la sagesse hellénique qui étaient sa devise : ΕΠΟΥ ΘΕΩΙ. ΓΝΩΘΙ ΣΑΥΤΟΝ. ΜΗΔΕΝ ΑΓΑΝ3.

Distinctions

Principaux ouvrages

(Une bibliographie complète de ses écrits se trouve aux pp. 83 – 104 de: D. Koepfler, Mnêma pour Georges Méautis, 1890-1970 à l’occasion du centenaire de sa naissance, 1991)

  • Recherches sur le Pythagorisme, Neuchâtel, Secrétariat de la Faculté, 1922
  • Aspects ignorés de la religion grecque, Paris, De Boccard, 1925
  • L’aristocratie athénienne, Paris, Les Belles Lettres, 1927
  • Bronzes antiques du canton de Neuchâtel, Neuchâtel, Secrétariat de l’Université, 1928
  • L’âme hellénique d’après les vases grecs, Paris, L’Artisan du Livre, 1932 (ouvrage couronné par l’Académie française)
  • Maternité, Lausanne, Payot, 1932
  • Les Mystères d’Eleusis, Neuchâtel, La Baconnière, 1934 (ouvrage a été distingué par l’attribution de la Médaille de l’Association pour l’encouragement des Etudes grecques en France)
  • Eschyle et la Trilogie, Paris, Grasset, 1936
  • Les chefs-d’œuvre de la peinture grecque, Paris, Albin Michel, 1939 (prix Charles Blanc de l’Académie française en 1940)
  • L’Œdipe à Colone et le culte des héros, Neuchâtel, Secrétariat de l’Université, 1940
  • Nicolas de Flüe, Neuchâtel, La Baconnière, 1940
  • Pélerinages en Grèce, Genève, Editions du Milieu du Monde, 1942
  • Mythes inconnus de la Grèce antique, Paris, Albin Michel, 1944
  • Dante, L’Antépurgatoire. Essai d’une explication, Genève, Perret-Gentil, 1944
  • Platon vivant, Paris, Albin Michel, 1950
  • L’éternel CoriolanCimonVettore Pisani. Bubenberg, Paris, Les Belles-Lettres, 1952
  • Le crépuscule d’Athènes et Ménandre, Paris, Hachette, 1954
  • Contes neuchâtelois, Neuchâtel, Messeiller, 1955
  • Sophocle. Essai sur le héros tragique, Paris, Albin Michel, 1957
  • Les dieux de la Grèce et les Mystères d’Eleusis, Paris, Presses Universitaires de France, 1959
  • Mythologie grecque, Neuchâtel, La Baconnière, 1959
  • Les pélerinages de l’âme, Paris, Adyar, 1959
  • L’authenticité et la date du Prométhée enchaîné d’Eschyle, Genève, Librairie Droz, 1960
  • Pindare le Dorien, Neuchâtel, La Baconnière 1962
  • Dante, L’Antepurgatoire. Essai d’une interprétation, Paris Albin Michel, 1963
  • Thucydide et l’impérialisme athénien, Neuchâtel, La Baconnière – Paris, Albin Michel, 1964

Bibliographie

Notes

  1.  (en) Theosophy and Theosophism: Response to a Criticism of Theosophy by René Guénon [archive]
  2.  D. Koepfler, Mnêma pour Georges Méautis, 1890-1970 à l’occasion du centenaire de sa naissance, 1991, p. 13 : « Georges Méautis par lui-même (discours inédit de 1961) » : « Vous connaissez ma croyance, d’origine pythagoricienne, aux vies successives, à la réincarnation. Je crois que tout homme, arrivant au monde, apporte un certain lot. Il a une intelligence donnée, naît dans un milieu donné, un entourage donné« , et pp. 13-14 »Sa réponse (de Paul Humbert) fut une parole de Saint Paul, qui exerça sur moi une énorme influence: « Qu’as-tu que tu n’aies pas reçu? ». Il y ajouta: « Nous sommes des serviteurs infidèles », parole qui, au pythagoricien que je suis ou que je cherche à être, paraît être exagérée« .
  3.  « Suis Dieu. Connais-toi toi même. Rien de trop ».

Sources externes

Liens externes

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Fabrizio Frigerio,  Porphyre, ou: les Origines de la Théosophie Grecque

Conférence donnée à la Société Théosophique de Suisse

à  Genève, le 6 décembre 1994.

Porphyre

 Porphyre, ou: les Origines de la Théosophie Grecque

Le néoplatonicien Porphyre est né à Tyr en 232 ou 233, dans une famille phénicienne aisée. Son nom était Malchos, qui signifie « roi » (cf.l’arabe El-Malek) et avait été adapté en Porphyrios, qui en grec veut dire « revêtu de pourpre », comme l’étaient les rois. C’est donc sous ce nom que la Grèce et Rome l’ont connu. Il a d’abord suivi avec Plotin l’enseignement d’Ammonius Sakkas à Alexandrie, puis il s’est rendu à Athènes, où il a étudié avec le célèbre rhéteur Longin, qui était considéré comme une encyclopédie vivante. De cette première partie de sa vie nous connaissons les titres de trois de ses oeuvres: la Philosophie des oracles , uneVie de Pythagore et un traité sur Les images des dieux. Nous possédons encore le deuxième, conçu à la manière d’une hagiographie païenne, alors que le premier et le troisième ont été perdus, ou plutôt presqu’entièrement détruits par les chrétiens.

En 263, Porphyre a été envoyé à Rome par Eubule, chef de l’école néoplatonicienne d’Athènes, pour essayer de convaincre Plotin de revenir à une interprétation plus littérale des oeuvres de Platon. Mais, Plotin l’ayant convaincu de la justesse de ses propos, Porphyre en est devenu l’élève et puis l’ami. Vers 268, en proie à une profonde dépression, il songe au suicide et son maître Plotin l’en dissuade, lui conseillant de voyager pour se changer les idées.[1] Porphyre se rend alors à Lilybée, en Sicile, où il restera jusqu’à la mort de Plotin en 270. De cette période datent deux oeuvres très différentes et qui auront une destinée opposée. La première est une courte introduction (Isagogè ) aux Catégories d’Aristote, la seconde une longue critique (quinze livres) du christianisme.

L’Isagogè a été écrite pour expliquer au sénateur Chrysoarios (à qui Porphyre donnait des leçons de philosophie) les Catégories d’Aristote auxquelles il n’avait rien compris, ou presque. C’est donc une courte oeuvre sans prétentions d’originalité, qui donne des éclaircissements plutôt techniques sur ce qu’il faut entendre par « genre, espèce, différence, propre et accident », les cinq termes des catégories aristotéliciennes. Ce petit résumé explicatif eut un succès d’estime extraordinaire. Traduit du grec en latin par Marius Victorinus et commenté par Boèce, il devint un instrument essentiel de l’étude de la philosophie aristotélicienne tout au long du Moyen-Age et jusqu’à la Renaissance.

Tout autre fut le destin de son long traité Contre les chrétiens, écrit vers l’an 270.

En 323, dix ans à peine après l’édit de Milan de 312 (qui autorisait la pratique du christianisme au même titre que celle des autres religions de l’Empire) un édit de l’empereur Constantin exige l’anéantissement de cet « ouvrage impie ». C’est le premier exemple de destruction par les chrétiens d’un ouvrage considéré hérétique. Ils avaient vite oublié les persécutions dont ils avaient souffert pour devenir à leur tour des implacables persécuteurs, des oeuvres comme des hommes.

Mais un certain nombre d’exemplaires avaient quand-même dû échapper à la destruction voulue par Constantin, puisque le 17 février 448 les empereurs Valentinien III et Théodose II exigèrent à nouveau que le traité de Porphyre soit détruit par le feu. Il n’en est donc resté longtemps que des extraits douteux, connus par des citations d’auteurs chrétiens qui voulaient les réfuter. Ce n’est que depuis la transcription par Blondel (en 1867) d’un manuscrit de Macaire de Magnésia, ayant appartenu à un ancien conservateur de la Bibliothèque nationale d’Athènes et aujourd’hui disparu, que nous disposons d’un certain nombre d’extraits de cette oeuvre de Porphyre -97 pour la précision- publiés pour la première fois par Paul Foucart en 1876. Adolf von Harnack les a réunis en 1916 dans un ensemble cohérent.[2] Depuis, d’autres éditions plus récentes[3] nous ont permis de mieux connaître l’argumentation philosophique de Porphyre contre les dogmes et les pratiques du christianisme, elles reprennent cependant toutes la classification établie par Harnack :

l) critique des évangélistes et des apôtres;

2) critique du Vieux Testament;

3) critique des actes et des paroles de Jésus;

4) critique des dogmes du christianisme;

5) critique de l’Eglise chrétienne contemporaine.

Les critiques de Porphyre peuvent être résumées comme suit, en reprenant la classification de Harnack donnée ci-dessus:

1) Les Evangiles se contredisent, en attribuant à un prophète ce qui a été dit par un autre, et même les deux généalogies de Jésus données, par Mathieu et par Luc, ne sont pas concordantes;

2) Des évidences de critique historique montrent que les textes qu’on attribue à Moïse ne peuvent pas avoir été écrits par lui, mais doivent avoir été rédigés pas Esdras, 1180 ans après la mort de Moïse. De même, le Livre de Daniel  ne peut pas avoir été écrit par Daniel, mais a été rédigé bien après, sous Antiochus Epiphane, mort en 164 avant J.-Ch.;

3) Les paroles et les actes de Jésus, tels qu’ils figurent dans les Evangiles , montrent à plusieurs reprises des contradictions, que Porphyre attribue au fait que les évangelistes n’ont pas été les témoins oculaires de ce qu’ils rapportent, et donc leurs récits ne sont pas fiables;

4) En accord avec les conceptions philosophiques de l’école néoplatonicienne et de l’antiquité gréco-romaine en général, Porphyre considère comme inacceptables l’incarnation de dieu et la résurrection des corps, il juge immorale la pratique du baptême comme expiation des péchés et compare la communion à un acte de cannibalisme, il considère pour finir absurde la conception d’un univers qui ne soit pas éternel. Toutes ces conceptions ne se basent d’après lui que sur une  » foi irrationnelle qui n’est pas soumise à examen »;

5) La critique de l’Eglise chrétienne de son temps nous montre un milieu où même la hiérarchie ecclésiastique ne suit pas l’enseignement qu’elle dispense et où les femmes sont omniprésentes et décident de tout par leurs manigances, même des ordinations sacerdotales.

On voit à cette argumentation que Porphyre connaissait bien tant l’Ancien que le Nouveau Testament  et qu’il devait les avoir étudiés à fond. Cette constatation a permis à certains auteurs de lui supposer une éducation chrétienne, qu’il aurait ensuite reniée. Il n’y a cependant aucune preuve de cette prétendue apostasie de Porphyre, qu’il faut plutôt considérer comme une tentative de la part des chrétiens de le déconsidérer aux yeux des lecteurs, mettant ainsi en doute la valeur objective de ses critiques. Il ne faut pas oublier que parmi les disciples qui avec Porphyre avaient suivi les leçons du néoplatonicien Ammonius Sakkas à Alexandrie il y avait aussi le chrétien Origène, et avec lui certainement beaucoup d’autres de ses corréligionaires. Porphyre devait donc avoir eu la possibilité de bien connaître le milieu chrétien et sa doctrine, sans pour autant en avoir fait partie. On peut résumer en quelques mots l’opinion qu’il a pu s’en faire: « obscurité, incohérence, illogisme, mensonge, abus de confiance et sottise. »[4]

Il n’est pas étonnant qu’une critique si radicale des fondements du christianisme ait été combattue avec vigueur et par tous les moyens par les partisans de ce dernier. Firmicus Maternus qui, avant sa conversion au christianisme, l’appelait amicalement « notre Porphyre », le traite ensuite d’ « ennemi de Dieu et de la vérité ».

Le côté constructif de la pensée de Porphyre, sa défense des conceptions de la civilisation antique, était exposé dans sa Philosophie des oracles et dans son traité sur Les images des dieux. A ces deux oeuvres, qui ont été presqu’entièrement détruites, il faut ajouter la biographie de Plotin (publiée en introduction aux Ennéades), la Vie de Pythagore et le commentaire symbolique Sur l’antre des Nymphes dans l’Odyssée, qui sont arrivés jusqu’à nous.[5] Il écrivit aussi une histoire de la philosophie en quatre livres (dont la Vie de Pythagore faisait probablement partie), deux livres Sur les Principes, cinq livres Sur l’âme et un discours De l’abstinence [6], où se trouvent mentionnés pour la première fois chez un philosophe grec les termes « théosophie » et « théosophe »[7]. Dans le Livre II (35,1) il appelle « théosophes » les personnes instruites dans les choses divines par une connaissance qui -d’après le contexte- devait être aussi pratique et non pas seulement théorique. Dans le même livre, plus loin (45, 2-4), il évoque les « hommes divins et divinement sages » (theiôn kai théosophôn andrôn) qui par la pratique du jeune, à l’égard des passions comme des aliments pouvant les susciter, se nourrissent de la « connaissance des choses divines » (sitaménon théosophian). La théosophie est donc ici la nourriture spirituelle du sage. Dans le Livre IV il parle de la « sagesse divine »(théosophias) des Egyptiens (9) et des théosophes de l’Inde (17) « que les Grecs ont coutume d’appeler Gymnosophistes ». Plotin déjà -selon ce qu’en dit sa Vie écrite par Porphyre- s’était engagé dans l’armée de l’empereur Gordien III mû par le désir d’entrer en contact avec ces « sages nus » dont l’existence était connue jusqu’à Rome. Les théosophes égyptiens sont encore évoqués par Porphyre dans la Lettre à Anébôn sur la Théurgie [8] qui, avec la Lettre à Marcella [9], est aussi parvenue jusqu’à nos jours. Bien qu’il ne nous reste que très peu de passages de la Philosophie des oracles  et des Images des dieux, on a essayé de les reconstituer et nous pouvons nous en faire une idée assez exacte, ce qui est très intéressant pour la compréhension des conceptions religieuses de l’antiquité païenne.

Les chrétiens critiquaient la vénération des statues des dieux, n’admettant pas qu’on puisse se faire une image visible de la divinité. Ils étaient en cela encore très proches du judaïsme, dont ils étaient issus. Porphyre les traite pour cela d’illéttrés, incapables de comprendre le symbolisme figuratif. Aucun fidèle -écrit-il- ne prend pour des Dieux les statues vénérées dans les temples, ce ne sont que des images ayant une signification symbolique. Ce raisonnement a été développé par Maxime de Tyr et son argumentation peut nous aider à comprendre celle de Porphyre, qui a été en grande partie détruite.[10] D’abord, les Dieux sont distincts des images qui les représentent, ensuite ils n’ont pas besoin qu’on leur élève des statues, mais cependant il est bon, pieux et opportun de le faire, par reconnaissance et pour les honorer d’une part et parce que -si les philosophes peuvent les contempler avec leur âme et leur esprit- les gens du commun ont besoin d’images pour les voir avec leurs yeux de chair. Même Epicure (pour qui les Dieux reposaient dans leur béatitude, étrangers et indifférents au monde et aux humains) disait que leur vénération est cependant un grand bienfait pour les sages qui les honorent.

Quant à l’argument de la nécessité des images pour la compréhension des illéttrés et des gens du commun, il est piquant de remarquer qu’il sera repris tel quel par les chrétiens pour justifier la décoration de leurs églises avec des statues et des fresques repésentant le Christ, la Vierge et les saints. Tout au long du Moyen-Age, ce sera la justification de la décoration picturale des églises, la Biblia pauperum, la Bible des pauvres qui ne savent ni lire ni écrire et n’ont que ce moyen visuel pour apprendre l’Evangile.

On voit par là que ce qui n’était pas bon et était critiqué chez les païens devient bon et est loué lorsqu’il est pratiqué par les chrétiens.

Porphyre n’est cependant pas un critique aveugle et unilatéral. Si dans sa Philosophie des oracles [11] il défend l’astrologie, la divination et la théurgie et dans sa Vie de Pythagore il présente le philosophe de Samos sous les traits d’un thaumaturge à l’image d’Apollonius de Tyane, dans une oeuvre plus tardive comme la Lettre à Anébôn sur la Théurgie  (écrite après avoir suivi l’enseignement de Plotin à Rome) il revient à une position plus rationaliste et critique à l’égard des pratiques magiques dans lesquelles le néoplatonisme s’était engagé. Il critique donc aussi sa propre tradition philosophique, en montrant les contradictions et les impossibilités des pratiques magiques et théurgiques, ainsi que des mythes égyptiens qu’on invoquait pour les justifier. Ce faisant, il interprète ces mythes dans un sens plus rationnel et philosophique, les ramenant à une intériorité toute morale, qui est dans la droite ligne des spéculations platoniciennes des origines.

Comme l’a écrit Faggin: « Avec la Lettre à Anébôn, la lutte contre le christianisme, déjà engagée avec le traité sur la Philosophie des oracles, devient une bataille serrée aussi contre la dégénéréscence du syncrétisme gréco-oriental, menée sous la bannière d’un paganisme philosophique reconduit à ses formulations les plus rationnelles ».[12]

Cette position critique n’est pas partagée par tous les néoplatoniciens et notamment par Jamblique, qui dans son ouvrage sur Les Mystères des Egyptiens [13], donné pour une réponse du maître Abammôn à la lettre de Porphyre à Anébôn, essaye de concilier la magie et la divination avec le néoplatonisme.[14]

Revenu à Rome et ayant succédé à Plotin à la tête de l’école, Porphyre épousa sur le tard Marcella, veuve d’un de ses amis et mère de sept enfants. Ce mariage tardif lui attira les reproches de ceux qui ne comprenaient pas qu’un philosophe qui comme lui avait prêché l’abstinence puisse ainsi se contredire dans les faits. Pour répondre à ces critiques, il prit prétexte d’un voyage qui devait l’éloigner de Rome pour écrire à sa femme la Lettre à Marcella, dans laquelle il justifie son mariage avec des considérations à la fois pratiques (la sauver avec ses enfants de l’état d’abandon où elle se trouvait) et théoriques (le salut de l’âme est plus sûr lorsque les épreuves de la vie sont plus dures).

Cette lettre, qu’Adolf von Harnack a défini « le testament moral de l’antiquité »[15], a été très appréciée aussi par les chrétiens et a même eu une certaine influence sur saint Augustin, qui en a lu la traduction latine par Marius Victorinus[16].

A l’âge de 68 ans, Porphyre eut soudainement pour l’unique fois de sa vie la vision de l’unité de la multiplicité de l’existant et de l’unicité trascendante du divin en lui.

Entre 300 et 305 il regroupa et ordonna les 54 traités de Plotin, les disposant en 6 livres de 9 traités chacun, heureux -comme il l’écrit- d’avoir pu unir au nombre neuf de l’ennéade la perfection du nombre six. A cette édition, où les écrits de son maître sont présentés par affinités d’arguments et en ordre croissant de difficulté sans tenir compte de la chronologie, il ajouta en préface uneVie de Plotin.

Porphyre a dû s’éteindre à Rome vers l’an 305, grâce à ses oeuvres et à celles de Plotin qu’il a édité, les conceptions philosophiques néoplatoniciennes de l’antiquité ont pu traverser le Moyen-Age et parvenir jusqu’à nous.

                                               Fabrizio Frigerio

                                               Conférence donnée à la Société Théosophique de Suisse

                                               à  Genève, le 6 décembre 1994.


[1] Franz Cumont, « Comment Plotin détourna Porphyre du suicide ».- Revue des Etudes grecques, 1921, t. XXXII, p.113 et suiv.

[2] Adolph von Harnack, « Porphyrius ‘Gegen die Christen’, 15 Bücher. Zeugnisse, Fragmente und Referate. ».- Abhandlungen der Akademie von Berlin., 1916.

[3] Parmi lesquelles la traduction en italien: Porfirio, Discorsi contro i cristiani, a cura di Claudio Mutti,  Padova, ed. di Ar, 1977, sur laquelle nous nous sommes basés pour ces commentaires.

[4] Pierre de Labriolle, La Réaction païenne, étude sur la polémique antichrétienne du Ier au VIe siècle, Paris, L ‘Artisan du Livre, 1948, p.286.

[5] Parmi les éditions disponibles en français: Porphyre,Vie de Pythagore et Lettre à Marcella, trad. E. Des Places, Paris, Les Belles Lettres, en italien: Porfirio, L’antro delle Ninfe, introduzione, traduzione e commento di Laura Simonini, Milano, Adelphi, 1986.

[6] De l’abstinence, trad J. Bouffartigue et M. Patillon, Paris, Les Belles Lettres, 2 vol., 1977-1979.

[7] Cf. Jean-Louis Siémons, Théosophia, Aux Sources néoplatoniciennes et chrétiennes (2e-6e siècles), Paris, Cariscript, 1988, pp.10-13.

[8] Il en existe une traduction italienne récente: Porfirio, Lettera ad Anebo sulla Teurgia, a cura di Giuseppe Faggin, Genova, Il Basilisco, 1982.

[9] A part l’édition Des Places en français (cf. note 5), il y en a aussi une plus récente en italien: Porfirio, Lettera a Marcella, a cura di Giuseppe Faggin, Genova, Il Basilisco, 1982. Les oeuvres de Porphyre ont été récensées et classées en trois groupes principaux par J. Bidez, Vie de Porphyre le philosophe néoplatonicien, Gand-Leipzig, 1913, pp. 65-73.

[10] L’argumentation de Maxime de Tyr est donnée par Louis Rougier, Le conflit du christianisme primitif et de la civilisation antique, Paris, Copernic, 1977, pp. 93-94.

[11] Les quelques fragments restants ont été recueillis et classés par G.Wolff en 1866, cf. A.Chaignet, « La philosophie des oracles ».- Revue de l’histoire des religions,  1900, p.337 suiv.

[12] Introduction à Lettera a Marcella, op. cit. note 9, p.11 (c’est nous qui traduisons).

[13] Jamblique, Les Mystères des Egyptiens, des Chaldéens et des Assyriens, trad. Pierre Quillard, Paris, Dervy, 1948.

[14] Ce qui a fait écrire à J. Bidez que Jamblique fut « le mystérieux théosophe […] qui réforma le mysticisme païen en l’adaptant aux traditions religieuses de l’Orient. » (« Le philosophe Jamblique et son école ».- Revue des études grecques, 1919, t. XXXII, pp.29-40).

[15] Hibbert Journal, octobre 1911.

[16] Cf. Pierre Hadot, Porphyre et Victorinus, Paris, 1968.

Fabrizio Frigerio

Articles de Fabrizio Frigerio

Groupe de méditation et Théosophie avec Zoom en français. Débutants bienvenus.

Réunion Zoom en français tous les mercredis à 20hoo (seulement zoom)

et séance de méditation lundi 18h45-19h30 en zoom et en présence au siège de Genève (appeler David au 077 453 17 51)  :

Tous les mercredis à 20 heures, il y aura une réunion en Français de méditation et étude de texte théosophiques déstinée aussi aux débutants.

Le programme du mercredi :
20h00 début
Salutations
explications
méditation
lecture et commentaires d’un texte

méditation
21h15 salutations

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TheosophySilver-277x300Un groupe à Lausanne n’existe pas encore, mais il y a une personne qui cherche 2 frères pour commencer. Si vous avez 1 copains intéressé (même si vous ne l’avez pas … )  vous pouvez écrire a info@teosofia.ch .

Démarrer un centre d’études est trè simple : Il faut une pièce tranquille, la seance dure 1h30  (pas plus, pas moin).

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Commencez par exemple par lire “Au pied du Mâitre” de K.

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Was ist Theosophie?

Das Wort Theosophie ist griechischen Ursprungs und bedeutet göttliche Weisheit. Es weist hin auf eine Dimension zeitloser Wahrheit, die jenseits aller Veränderungen durch die Jahrtausende die Menschheit gleich einem mehr oder weniger verborgenen Strom begleitet hat

Sie ist in den spirituellen Traditionen des Ostens und Westens erkennbar, ist der Quellgrund aller großen Religionen, in denen verschiedene Facetten dieser Wahrheit aufleuchten, die aber in ihrer wahren Natur jenseits aller rationalen Begrifflichkeit liegt. Sie ist eine spirituelle Wirklichkeit, in der jeder Mensch in seinem tiefsten Inneren wurzelt – das zu erkennen und dem Ausdruck zu geben in allen Schichten seines Seins seiner letztendlichen Bestimmung – dem Erfahrungs- und den Wachstumsprozeß vieler Inkarnationen – entspricht.

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EINE Menschheitsfamilie
Theosophie hat für Franz Hartmann, den Gründer der Theosophischen Geselschaft in Deutschland, nichts mit Parteiinteressen und Autoritätnzwang zu tun. Sie ist auf Freiheit und Toleranz gegründet und läßt sich nicht einspannen in die Grenzen einer begrenzten Körperschaft. Sie ist nicht ein System von Lehrmeinungen, die es zu adoptieren gilt, sondern ein stetes Werden und Verwirklichen in der Praxis des Alltags.
Mit den Gründern der Theosophischen Bewegung teilte Hartmann das große Ideal einer geeinten und glücklichen Menschheitsfamilie, die frei von den Fesseln der Vorstellung eines stabilen, von allen anderen getrennten Ichs ist; die die Einsicht in ihrem praktischen Leben verwirklicht, dass alles untrennbar mit dem anderen verbunden ist und alle Menschen Teil des Einen untrennbaren Lebens sind.
H. P. Blavatsky in ihrem Schlüssel zur Theosophie  1889: 
« Da die Menschheit essentiell von ein und derselben inneren Natur ist …, kann nichts   ein einzelnes Volk oder einen einzelnen Menschen treffen, ohne zugleich auch alle anderen Völker und Menschen zu treffen. »
Franz Hartmann sieben Jahre später auf den ersten Kongress der Theosophischen Gesellschaft in Deutschland
« Der allgemeinen Meschenverbrüderung liegt die allgemeine Menschenliebe zugrunde, und diese Liebe ist nicht eine bloße Theorie noch eine phantastische Schwärmerei, sondern sie besteht in der Erkenntnis, daß alle Menschen, ja sogar alle Kreaturen ihrem Wesen nach eine Einheit, wenn auch in ihren Formen, Erscheinungen und deren Eigenschaften von einander verschieden sind. »
(Lotusblüten, Jhrg. 1896, S. 708)

Unsere Ziele

Die Grundlage der theosophischen Bruderschaft bildet die Tatsache, daß allem Dasein eine geistige, unzerstörbare Einheit zugrunde liegt, die auch das wahre Wesen des Menschen bildet. In dieser ewigen Einheit sind alle Wesen und Menschen untrennbar verbunden.
Von daher ergeben sich
drei Ziele der Theosophischen Gesellschaft:

  1. Den Kern einer allgemeinen, die ganze Menschheit geistig umfassenden Bruderschaft zu bilden jenseits aller Grenzen von Nationalität und Hautfarbe, Glaubensbekenntnis, Stand und Geschlecht
  2. Zum vergleichenden Studium der Religion, der Philosophie und der Wissenschaften anzuregen.
  3. Die Erforschung noch ungeklärter Naturgesetze und die naturgemäße Entfaltung und Pflege der im Menschen noch schlummernden Geisteskräfte zum Wohle aller Wesen zu fördern.

Die theosophische Weltanschauung

vermittelt Einsicht in die komplexe Natur des Menschen,
die Ursachen seines Schicksals und seiner Wandlungen durch Geburt und Tod.
Sie gibt ihm einen Überblick über Sinn und Ziel seiner Inkarnationen,
seine Beziehung zum Kosmos, deren untrennbarer Teil er ist.
Sie gibt Denkanstöße, die helfen, den individuellen Weg spiritueller Entfaltung und Bewußtseinserweiterung zum Wohl des Ganzen zu finden

Grundlegende theosophische Lehren

Die Wesenseinheit aller Dinge und die Entstehung einer Vielheit
von Welten aus dieser WesenseinheitDie Offenbarung dieser Wesenseinheit auf
sieben Stufen oder Ebenen des Daseins,
die siebenfältige Konstitution des Menschen und des WeltallsDie periodische Wiederkehr aller Dinge,
insbesondere die wiederholte Verkörperung
der menschlichen Seele in irdischen PersönlichkeitenDas Gesetz von Ursache und Wirkung
oder der ausgleichenden Gerechtigkeit
(Karma)Die Lehre von den Zyklen und dem Ziel der Entwicklung,
die Lehre vom Pfad, der zum Ziel führtDas Motto der Theosophischen Gesellschaft:
Keine Religion ist höher als die Wahrheit.
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« Eine Religion in dem einzig wahren und richtigen Sinne ist ein Band, das alle Menschen verbindet, nicht eine besondere Gruppe von Dogmen und Glaubensformen.
Religion an sich, in ihrer weitesten Bedeutung, ist das, was nicht nur alle Menschen sondern alle Wesen und Dinge im ganzen Universum zu eiem großen Ganzen verbindet. »
(H. P. Blavatsky)